Lectures, Romans

L’atelier des souvenirs // Anne Hidoux-Thivet ► Un voyage dans le temps au pays des souvenirs

Souvent on fait l’acquisition d’un livre en suivant les recommandations et les avis de quelqu’un, ce qui est très plaisant, mais enlève un peu de mystère car, quelque part, on le sait testé et approuvé par d’autres. Et puis, parfois, il y a quelque chose dans le titre, la couverture et le résumé d’un livre, qui interpelle, parle personnellement et pousse à sauter le pas à l’aveugle. Ces lectures « à risque » sont peut-être celles que je préfère car elles sont une vraie aventure en soi, dont on attend rien de particulier et qui peuvent encore surprendre.


jukebox-corner-l-atelier-des-souvenirs-anne-hidoux-thivetAlice végète depuis trois ans dans le déprimant état de chômeuse surdiplômée, quand elle a l’idée d’animer des ateliers d’écriture dans des maisons de retraite.

Suzanne, Germaine, Jeanne, Elisabeth, Georges, Lucien… : les anciens dont elle croise la route sont tous plus attachants les uns que les autres.

Au fil des séances d’écriture, les retraités dévoilent des bribes de leur passé tout en complotant pour influer sur l’avenir d’Alice.


J’ai acheté L’atelier des souvenirs au hasard d’une promotion numérique et je ne le regrette pas, tant je le quitte avec le sourire.

Bien qu’il soit facilement lisible d’une traite, j’ai pris mon temps pour le parcourir et le savourer. En plus, les chapitres sont très courts, à peine quelques pages, et le découpage en plusieurs parties, plusieurs points de vue, se prête bien à cette façon de le découvrir.

Elle commençait à le comprendre, son travail avec les anciens revêtait une dimension patrimoniale exceptionnelle. La richesse de leurs productions écrites ne résidait pas dans leur style mais dans leur caractère autobiographique.

J’y ai fait la connaissance de personnages très jeunes, jeunes et moins jeunes, attachants, certains même amusants, qui avaient tous une histoire à me raconter. Entre Alice qui rumine le sacrifice consenti à ses études pour le peu de retour sur investissement, les anciens qui se languissent de leur amour de jeunesse et ceux qui se remémorent avec nostalgie leurs instants heureux, il y avait de quoi faire.

Mais il y avait surtout un dénominateur commun entre eux: le regret. Le regret d’Alice de ne pas savoir mener une vie plus épanouie et celui de ces petits vieux limités aux maigres activités et attentions de la maison de retraite tandis qu’ils se sentent encore si vifs dans leur tête. Alors quoi de plus naturel que de faire de la préoccupation de la première le centre d’intérêt et d’action des derniers ?

Soyons honnêtes: ce que nous recherchons vraiment , c’est le « désennui ». Nous prenons plaisir à évoquer nos souvenirs mais nous avons aussi besoin d’envisager un avenir. Notre « Alice project » est excitant, voilà tout.

De cette façon tout le monde est bien occupé, les échanges vont bon train, de même que les découvertes surprenantes. Les liens se tissent, se renforcent, entre résidents et entre générations. La solitude et l’ennui sont vaincus.

L’expérience parle pour la jeunesse de tous ces choix qui ont tout de même abouti au bonheur, parce qu’il faut à un moment cesser de regarder en arrière et avancer, et la jeunesse cesse de se gâcher l’existence en conjectures parce qu’elle a la vie devant elle et donc tout le temps de se tromper et de rectifier.

Et puis, bien sûr, on peut toujours compter avec les forces du cosmos, qui sont bel et bien à l’oeuvre ici, pour une succession d’heureuses coïncidences. Mais, malgré cela, au final, le choix appartient toujours à chacun d’accepter ce qui se présente et oser voir jusqu’où cela mène, ou de le repousser et stagner.

Ce n’est pas la fin ouverte de ce doux et tendre roman qui me contredira.

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Parution: 2018 / Editeur: Michel Lafon / Pages: 344 / Ebook: Oui / Spécial : – / Adaptation: –

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